Qu’est-ce qui me pousse à aller, encore et encore aux archives ? La quête, l’enquête, le silence, le papier touché, l’odeur du passé ?
* expression empruntée à Marc Bloch
Réalisatrice de documentaires & artiste dans des projets culturels et participatifs
Qu’est-ce qui me pousse à aller, encore et encore aux archives ? La quête, l’enquête, le silence, le papier touché, l’odeur du passé ?
* expression empruntée à Marc Bloch
* Chantal Akerman in Lettre d’une cinéaste. Prendre des photos est une activité entière pour moi. Alors j’y consacre une promenade, tendue vers l’apparition d’une image comme d’autres attendent celle d’un oiseau. Ces photos ont été prises à Bossay sur Claise.
La vie est ainsi faite à coups de petites solitudes écrit Barthes.
L’an passé en a apporté son lot. A présent ce banc public face à la mer, serein mais impatient, attend nos retrouvailles. Il se réjouit d’avance du son de nos voix mêlées.
Das Leben bestehe also aus kleinen Einsamkeiten, schreibt Barthes. Das vergangene Jahr hat seinen Teil dazu beigetragen. Jetzt wartet diese Bank mit Blick aufs Meer, ruhig aber ungeduldig, auf unser Wiedersehen. Sie freut sich auf den Klang unserer gemischten Stimmen.
Je me déplace enfin. Il était temps. Même si c’est pour 24 heures. Je reprends ma route. Même si le ciel est gris et les arbres sont nus. Et les immeubles quelconques. Et les villages éteints. Et si les hangars se succèdent encore et encore. Mes yeux ne savent plus où regarder. Ils se réjouissent de voir le paysage qui défile. De voir autre chose. Tout sauf l’habitude, le connu, l’archi connu, tellement connu que mes yeux s’étaient assoupis. Maintenant, ils voient à nouveau.
Ces derniers temps, mon regard est happé par les tunnels naturels, par la manière dont les arbres, les arbustes, les plantes nous contournent, nous évitent, nous laissent passer, nous montrent le chemin.
Ces photos ont été prises dans la forêt de La Ferme des Ruats, douce et jolie chambre d’hôtes installée dans les contreforts du Morvan https://lafermedesruats.fr et pendant le confinement dans le bois de la Chapelle Hareng dans l’Eure.
Je plonge dans le quotidien des personnages, en acceptant leurs règles du jeu, leur cadre. Et je suis prête à prendre mon temps et accepter d’en “perdre” afin de pouvoir capter les gestes et les silences qui disent beaucoup, décrypter les visages, repérer un soupir, le regard dans le vague, et être à l’écoute. Je fais des films où j’aime trouver ma juste place, sans empiéter sur l’intimité que les protagonistes souhaitent préserver. J’aime filmer à hauteur d’homme et de femme avec distance et pudeur, et être ainsi proche d’eux. Être à l’écoute sans porter de jugement, c’est accepter que les distinctions tranchées et les oppositions franches soient moins évidentes. C’est cette épaisseur du réel qui m’intéresse.