Retour d’Alsace

Du 3 au 10 septembre dernier, j’ai participé au nouveau voyage d’études de Memory Lab. Pendant une semaine, notre collectif informel et européen s’est reterouvé une nouvelle fois après quatre ans d’attente à cause du covid. Il rassemble des acteurs de la société civile, des membres d’associations de survivants des guerres yougoslaves, des personnes travaillant dans des musées et centres mémoriels, des universitaires et des praticiens. Tous ensemble, nous sommes partis sur les traces de l’histoire alsacienne depuis le milieu du XIXème siècle de sa mémoire déchirée entre l’Allemagne et la France. En passant par le mémorial du Hartmannswillerkopf, celui de Schirmeck, Verdun, l’ossuaire de Douaumont, le village de Fleury et le Struthof, nous avons plongé dans les enjeux brûlants de la mémoire des guerres pourtant anciennes. Nos échanges furent passionnants. Vive les lieux où des gens ayant des pratiques différentes mais un intérêt – une obsession commune, la mémoire des crimes – se retrouvent et discutent !

En train

Ce printemps, entre Paris et Budapest, je fais les trajets en train de nuit. Comme quand j’étais enfant. Je deviens incollable sur les trajets, les horaires, les trains les plus agréables, ceux qui sont toujours en retard… Et je ne m’en lasse pas.

Leányfalu, le jardin secret de ma grand-mère

Grâce à la Fondation Landis & Gyr, me voici à Budapest pour une résidence artistique de quatre mois. L’idée de cette résidence est née au début du confinement en avril 2020. Avant l’annonce de l’interdiction de se déplacer, je voulais absolument partir de Paris, vite. Mais je n’avais aucun endroit où aller. Grâce à l’invitation d’amis en Normandie, nous avons pu partir de la ville et nous avons passé 6 semaines chez eux. Tout y était si calme, chaque jour on pouvait marcher dans la forêt. Et moi, je pensais sans cesse au tout petit jardin de ma grand-mère, à Leányfalu, près de Budapest, mon petit paradis, cet endroit qui me paraissait immuable, tant j’y suis allée enfant, adolescente puis jeune adulte.

Aujourd’hui j’ai fait ma valise

Je pars à Budapest, en train, comme avant. Mais j’y vais seule, je ne vais y visiter personne, mes grands-parents sont morts depuis longtemps. Je retourne à Budapest à la recherche des évocations de ma grand-mère. Je pars sur les traces de celle qui n’est pas partie, celle qui est restée à l’Est. Un immense merci à la Fondation Landis & Gyr qui rend cela possible…

En compagnie d’Apollinaire

Apollinaire a passé 5 jours à la prison de La Santé pour complicité de vol en 1911. Depuis décembre dernier, avec un groupe de détenus volontaires du centre pénitentiaire de La Santé, et avec Marion Lary, réalisatrice comme moi, nous réalisons un court métrage sur ce que cette expérience de la prison a provoqué sur Apollinaire.

Comment a-t-il vécu cela, qu’en a-t-il dit, écrit, fait ? Lui, dont tout le monde connaît les poèmes aujourd’hui mais qui fut un étranger, rejeté, victime de xénophobie et amoureux fou de la langue française. Très vite, Guillaume apparaît derrière Apollinaire. Dans l’atelier émerge une énergie collective incroyable. On découvre, on imagine, on improvise. Le passé et le présent s’entremêlent. Nous n’avons pas encore fini. Le covid a suspendu les ateliers un moment. Mais ça y est, ça reprend. Il est grand temps.